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Recyclage éclectique
6 mai 2007

Posologie

Sédentaire. Ça vient de la maison; qui vient d'un besoin de sécurité incurable: humain, animal.

Les noms de rue s'allument à chaque minute. Leurs lettres décollent mon attention de mes souvenirs. Et l'aperçu des passants dilluent mon nombril. Leurs joues rosies, leurs pas tapochent les rues, et moi je lisse l'asphalste printanière de roues. Le soleil s'estompe et le bleu turquoise du ciel luit, givré par la musique du soir. Les roues avancent. Et toujours plus loin. Tout montréal y passerait. Et le mexique est tentant. Mais je reviens à cause de la maison. Sauf que le vélo tire vers l'avant. Mes jambes pédalent à contre coeur en sens inverse.

    «J'habite ou je vis dans une maison.»
-Je ne vis pas dans une maison.
-Je vis où? Non, non, j'habite.
-Je vis à plein d'endroits. Mais mon toit n'est que tremplin.

Ma demeure, c'est du lithium et je suis le bipolaire. Et je pars, je palpe la maladie, je sens le non-retour, le désir inexorable de continuer dans le sens décrit. De prendre mes roues à mon cou et de toujours suivre une ligne droite sans jamais ressentir deux fois les mêmes courbes, sans jamais relire les mêmes noms de rues. Décoller : tâter les nuages; être high, tellement haut dans le blanc suave des nuages du ciel et puis sans savoir quand, pourquoi, tomber en plongeon, tête première dans un étourdissement nauséeux, ma tête et mes tripes lâchées du hublot. Il faut revenir, pour reprendre le cours de la médication. Suivre la prescription. Retourner à ce sentiment de sécurité pour ne pas vomir, ne pas me perdre complètement; à force de jongler avec la volupté indissible de partir, et la chute incroyable de mes repères dans le ciel bleu grafigné des ailes d'un oiseau d'acier.

Et c'est ma boule jaune qui me ramènera, qui me fera prendre mon lithium. On mérite tous un soleil qui sache nous ramener, quand on devient malade. Moi de ça, vous d'autre chose. Chacun sa névrose. Et si quelqu'un comprend la vôtre, ou même ne fait que la sentir, l'accepter, sans vouloir la tordre dans un moule, alors vous êtes chanceux. Et je suis chanceuse.

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